Au Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie, un projet de recherche dirigé par le professeur Éric Déziel explore cette piste innovante, en s’attaquant à la communication entre microbes plutôt qu’à leur destruction directe. Pour concrétiser ce projet audacieux, un jeune chercheur a récemment rejoint l’équipe, grâce à un précieux soutien philanthropique de la part de madame Lucie Bernatchez-Mainguy à la Fondation Armand-Frappier.
Rencontre avec ce scientifique de demain.

 

Une relève passionnée par la science

Derrière chaque projet de recherche se cache une histoire humaine. Celle de Louis-Thomas Lafrance, nouvellement recruté pour travailler sous la direction du Pr Éric Déziel, est marquée par la curiosité scientifique, la volonté de faire une différence et un intérêt marqué pour la microbiologie.

 « Lors de mes cours de microbiologie industrielle, je me rappelle avoir entendu parler du quorum sensing, j’avais trouvé ce concept fascinant ! » Louis-Thomas Lafrance

Louis-Thomas Lafrance

Biochimiste diplômé de l’Université du Québec à Trois-Rivières, Louis-Thomas Lafrance a choisi de poursuivre sa maîtrise dans la région du Grand Montréal pour rejoindre le laboratoire du Pr Éric Déziel.

Ayant déjà quelques connaissances au sujet des huiles essentielles en lien avec son baccalauréat spécialisé dans la biochimie du cannabis, c’est tout naturellement que Louis-Thomas s’est intéressé au projet de recherche mené par le Pr Déziel.

Le quorum sensing ou comment comprendre la communication bactérienne

Au lieu de tuer les bactéries comme le font les antibiotiques traditionnels, ce projet cherche à désactiver leur capacité à s’organiser. Ce mécanisme s’appelle le quorum sensing : une sorte de « messagerie interne » qui permet aux bactéries de détecter leur nombre et de se coordonner.

 « Le quorum sensing, c’est un peu comme un système de communication intercellulaire. Lorsque des bactéries qui ont colonisé un milieu atteignent un nombre donné, leur comportement change. C’est à partir de ce moment-là que des gènes de virulence s’activent et que l’on tombe malade. » Louis-Thomas Lafrance

 

 

Les bactéries peuvent rapidement acquérir des gènes de résistance aux agents externes, notamment les antibiotiques, et transmettre ces avantages évolutifs à d’autres souches. En perturbant cette communication, les huiles essentielles pourraient empêcher les bactéries pathogènes de devenir dangereuses. Une approche qui réduit les risques de résistance et ouvre la voie à une nouvelle génération de traitements.

Pourquoi les huiles essentielles ?

Dans un contexte mondial où les antibiotiques perdent en efficacité, il devient urgent d’explorer d’autres pistes thérapeutiques. Le projet mené au Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie se distingue par son approche indirecte, plus respectueuse de l’équilibre microbien, et potentiellement moins propice à générer des résistances.

Certaines huiles essentielles extraites par processus de distillation de plantes contiennent des composés bioactifs qui pourraient bloquer les signaux chimiques utilisés par les bactéries pour se coordonner.

Le projet de recherche visera à :

  • Déterminer la concentration sous inhibitrice en huiles essentielles sans impact sur la croissance des bactéries, c’est-à-dire la dose la plus élevée qui n’est pas toxique pour les bactéries mais qui peut avoir un impact sur leurs communications.
  • Tenter de brouiller les communications entre les bactéries grâce aux huiles essentielles afin que ces dernières ne sachent jamais à quel moment déclencher leurs facteurs de virulence.

« Au fil du projet de maîtrise, nous pourrions explorer l’hypothèse selon laquelle les huiles essentielles pourraient renforcer l’effet de l’antibiotique, le rendant encore plus toxique pour la bactérie. » Louis-Thomas Lafrance

Le plus grand défi de ce projet de recherche reste le criblage des huiles essentielles qui va permettre à Louis-Thomas de pouvoir ensuite les tester sur plusieurs classes de bactéries avec des systèmes de quorum sensing différents notamment Pseudomonas aeruginosa et Staphylococcus Aureus.

 

Quand la philanthropie soutient l’innovation en recherche

Ce projet n’aurait pas vu le jour sans le soutien financier de Mme Lucie Bernatchez-Mainguy, une donatrice engagée auprès de la Fondation Armand-Frappier qui croit au pouvoir de la recherche pour transformer notre avenir collectif. Son don de 250 000 $ permet non seulement de lancer ce projet de maîtrise, mais aussi de former une relève scientifique inspirée et compétente.

 « Je suis extrêmement reconnaissant de ce soutien philanthropique, car il me permet d’explorer un aspect de la science auquel je n’aurais pas forcément pensé. En tant que biochimiste de formation, c’est une formidable opportunité d’élargir mes connaissances et d’apprendre. En tant qu’étudiant, c’est également très valorisant de pouvoir contribuer à une cause utile. Un grand merci à Mme Bernatchez-Mainguy pour son don. » Louis-Thomas Lafrance

Les huiles essentielles représentent une piste sérieuse dans la lutte contre l’antibiorésistance. Grâce au travail rigoureux de Louis-Thomas Lafrance, accompagné du Pr Éric Déziel et de son équipe, ce projet permettra d’évaluer scientifiquement leur potentiel.

Louis-Thomas Lafrance (à gauche) et le Professeur Éric Déziel (à droite)

Soutenez la recherche sur les huiles essentielles et contribuez à faire progresser la lutte contre l’antibiorésistance.